A-t-on une part de récompense quand on offre la récompense de la lecture du Coran à un défunt ?

Question :

سلام عليكم و رحمة الله و بركاته استاذ. Quand on met l’intention de faire une khatma pour une personne décédée, est ce que je peux considérer que la partie que j’ai lue compte aussi comme une lecture pour moi. جزاك الله خيرا

Réponse :

بسم الله الرحمن الرحيم، الحمد لله رب العالمين، وأفضل الصلاة وأتم التسليم على نبينا محمد وعلى آله وصحبه ومن تبعهم بإحسان إلى يوم الدين
عليكم سلام ورحمة الله وبركاته

Oui, vous pouvez considérer que la partie que vous avez lue compte également comme une lecture pour vous, même si votre intention est d’en offrir la récompense au défunt.

Les savants ont mentionné que le fait d’offrir la récompense d’une bonne action à quelqu’un n’empêche pas celui qui l’a accomplie de recevoir aussi une récompense. La grâce d’Allah est immense, et Il est Celui qui multiplie les récompenses pour Ses serviteurs.

L’imam Ibn Al-Qayyim a dit dans son livre Ar-Ruh : “L’homme peut offrir la récompense de son action à quelqu’un d’autre, et celle-ci lui parviendra et lui sera bénéfique, tout en conservant la récompense de son action pour lui-même.”

Ainsi, par la volonté d’Allah, vous obtenez la récompense de votre lecture et, en même temps, le défunt bénéficie du mérite que vous lui avez dédié.

Par contre, il est important de souligner que la lecture de Coran que l’on fait pour un défunt n’est pas un sujet qui fait l’unanimité chez les écoles de jurisprudence :

👉L’école hanafite considère que la récompense de la lecture du Coran parvient au défunt si elle lui est offerte, que la lecture ait lieu près de la tombe ou ailleurs. Ils se basent sur des preuves générales qui indiquent que les actes d’adoration peuvent bénéficier aux morts, comme le verset suivant : “Et Nous inscrivons ce qu’ils ont avancé ainsi que leurs traces” (Yassine, 12)

Ils comprennent de ce verset que les actions accomplies par les vivants peuvent faire partie des traces laissées par le défunt si elles lui sont offertes.

Ibn Abidine a dit dans Radd al-Muhtar, tome 2, page 243 : “Il est recommandé à celui qui lit une partie du Coran de dire après avoir terminé : Ô Allah, fais parvenir la récompense de ce que j’ai lu à untel. Si cette invocation est faite après la lecture, cela est permis, voire préférable, comme mentionné dans Al-Bahr d’après Al-Mujtaba.”

👉 L’école malikite considère que la lecture du Coran ne parvient pas au défunt, car ils exigent que l’acte soit du même genre que ce qui a été rapporté dans les textes, comme l’aumône et l’invocation. Quant à la lecture du Coran, il n’existe pas de texte explicite indiquant que sa récompense peut être offerte au défunt.

L’imam Al-Qurtubi a dit dans At-Tadhkira fi Ahwal al-Mawta wa Umur al-Akhira, tome 1, page 125 : “Les pieux prédécesseurs n’avaient pas pour habitude d’offrir la récompense de la lecture du Coran aux morts. Ils invoquaient pour eux et faisaient des aumônes en leur nom.”

👉 L’école chaféite considère dans son avis majoritaire que la récompense de la lecture du Coran ne parvient pas au défunt, sauf si une invocation est faite pour lui après la lecture. Dans ce cas, ils espèrent que la récompense lui parviendra grâce à l’invocation et non par la simple lecture.

L’imam An-Nawawi a dit dans Al-Majmou, tome 5, page 294 : “L’avis majoritaire dans l’école de l’imam Ach-Chafi’i et de ses disciples est que la lecture du Coran ne parvient pas au défunt, mais que ce qui lui parvient est l’invocation et l’aumône.”

Cependant, certains savants chaféites tardifs ont permis cette pratique, mais cet avis reste minoritaire dans l’école.

👉 L’école hanbalite considère que la récompense de la lecture du Coran parvient au défunt si le lecteur en a l’intention et la lui offre. Selon eux, les actes d’adoration corporels comme la prière, le jeûne et la lecture peuvent être offerts aux morts.

Ibn Qudama a dit dans Al-Mughni, tome 2, page 567 : “Toute œuvre pieuse accomplie et dont la récompense est offerte à un musulman défunt lui sera bénéfique, si Allah le veut. Quant à l’invocation, la demande de pardon, l’aumône et l’accomplissement d’obligations en son nom, il n’y a aucun désaccord à ce sujet. Pour les autres actes, ils suivent la même règle.”

والله أعلم وصلى الله على نبينا محمد وعلى آله وأصحابه أجمعين

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